"Les pilotes du jour" au Bahreïn selon Anthony Davidson

Qui a impressionné Anthony Davidson, notre WEC TV commentateur lors des Bapco 8 Heures de Baheïn. finale FIA WEC 2022..............

Hypercar : Sébastien Buemi (Toyota GR010 HYBRID n°8, Toyota Gazoo Racing)

« Kamui (Kobayashi, ndlr) a été excellent mais c’est surtout Ryo Hirakawa qui a perdu du temps sur la n°7 quand Kamui était au volant en creusant l’écart pendant la troisième heure de course.

« J’en ai parlé à Kazuki Nakajima après la course, il a dit à Hirakawa de simplement aller au bout et de ne rien faire de trop téméraire. Je pense donc qu’il a reçu quelques instructions pour rester légèrement en retrait en vue de remporter le titre.

« Si on garde ces consignes à l’esprit, je pense que Conway et Buemi ont été 'les pilotes' au Bahreïn.

« Quand on pense que la Toyota n°8 avait visiblement un problème et perdait toujours du terrain sur la n°7, il faut revenir au début de la course, quand Buemi creusait l’écart sur Lopez jusqu’à environ quatre secondes et demie, c’était impressionnant.

« J’ai vu l’écart augmenter et ensuite, quand Seb (Buemi, ndlr) a repris le volant pour le dernier relais, l’écart est resté identique. Je pense donc qu’il est mon pilote Hypercar du jour, mais ça a été serré avec Mike (Conway, ndlr), qui était lui aussi très rapide.

« Buemi n’a pas été tout à fait le meilleur en performance pure car sa voiture était plus lente que la n°7 et qu’ils étaient en proie à un problème de sous-virage, au fur et à mesure de la course. Mais Seb a su mieux gérer ce souci qu’un autre des pilotes de l’équipage. »

« J’ai eu l’impression que Conway a fait lui aussi une course parfaite, mais je donnerais tout de même l’avantage à Buemi à cause des problèmes de la n°8. »

 

LMGTE Pro : James Calado (Ferrari 488 GTE EVO n°51, AF Corse

« D’une manière totalement différente [par rapport à 2021], ce fut une course d’une grande intensité, mais tout aussi fantastique à suivre.

« Calado a pris un départ assez prudent. Il s’est plaint de la dégradation de ses pneus arrière et il pilotait avec beaucoup de précautions pour les préserver.

« En vitesse pure, Antonio Fuoco a été pour moi le plus rapide pendant cette course, et semblait bien dans le rythme. Mais Calado a eu beaucoup d’autres problèmes à gérer, ce qu’il a fait avec une approche vraiment calme, dans un bel esprit d’équipe.

« Lorsque le problème a surgi, James est resté très professionnel. J’ai été moi-même dans ce genre de situation par le passé, quand un gros pépin frappe la voiture, et il faut savoir l’appréhender. C’est très stressant, mais il faut rester calme.

« Les ingénieurs ne peuvent pas faire grand-chose pour vous aider et vous indiquer comment se battre avec ce qui était une boîte de vitesses à l’agonie.

« Pour ce que j’en sais, il ne s’est pas affolé, il n’a pas juré à la radio et il n’a pas vraiment perdu son calme, ce qui était impressionnant. Il a pu montrer à Pier Guidi ce qu’il fallait exactement faire avec la boîte de vitesses et comment l’utiliser dans ces conditions si particulières.

« Quand Pier Guidi a pris le volant, il s’est attelé immédiatement à cette tâche, en reproduisant ce que James faisait. Ce qui était aussi impressionnant, c’était de le voir garder son calme quand il a compris la situation.

« C’était vraiment une situation angoissante, et être récompensé en devenant champion du monde à dû être très agréable, et surtout un énorme soulagement. »

LMP2 : Sean Gelael (Oreca 07-Gibson n°38, JOTA)

« Pour ce qui me concerne, je pense que la stratégie de JOTA était risquée pour cette course. J’ai été franc là-dessus avec Antonio (Felix da Costa, ndlr) après la course, même si celle-ci avait été brillamment menée. Mais je pense que le fait d’être ainsi à fond n’était pas nécessaire.

« Je leur ai parlé après l’arrivée et ils m’ont tous dit ‘notre approche de cette course a été identique aux autres’ et c’est exactement ce que j’ai vu. Je ne les ai pas vus s’économiser, je ne les ai pas vu piloter sur la défensive, ils ont été à l’attaque à chaque tour.

« Jusqu’à cette dernière course du championnat et pour la victoire au Mans, ça a fonctionné, alors pourquoi changer quand ça marche ?

« Ils ont tenté le coup et tout a tourné en leur faveur. Ils sont montés une nouvelle fois sur le podium, alors c’est bien. J’ai été impressionné par le travail de Robert (Gonzalez, ndlr) pendant toute la saison. Un vrai pilote silver, avec des performances de haut niveau. Bravo collègue !

« Honnêtement, la manière dont toutes ces excellentes équipes ont repoussé les limites de la catégorie LMP2 est remarquable. J’ai été partie prenante dans la décision de faire venir Will (Stevens, ndlr) dans l’équipe. J’ai dit à Sam (Hignett, patron de l’équipe, ndlr) et Clarkie (David Clark, autre dirigeant de l’écurie, ndlr) que s’ils voulaient gagner au Mans, il fallait mettre Will dans la voiture.

« Je suis heureux d’avoir pu quitter l’équipe et prendre ma retraite en passant le volant à quelqu’un pouvant obtenir de faire des beaux résultats, comme c’est le cas avec Will.

« Outre les gars de JOTA, Sean Gelael a lui aussi été incroyablement rapide dès le départ. J’ai aussi été très élogieux envers la performance de Roberto au Mans, mais je crois que Sean a été le plus marquant à Bahreïn, il est donc mon choix pour la catégorie LMP2 pour cette course.

« Je dirais qu’il a fait la plus belle course de sa saison à Bahreïn. La voiture était très rapide mais chapeau à Sean, parce qu’il a été excellent et s’est bien mis en valeur pour un pilote Silver. »

LMGTE Am : Matteo Cairoli (Porsche 911 RSR-19 n°46, Team Project 1)

« La Ferrari des Iron Dames ont été très rapides en début de course et je pense que Michelle Gatting, Sarah Bovy et Rahel Frey m’ont paru une nouvelle fois excellentes.

« Elles n’ont pas pu rééditer le résultat de Fuji mais ce podium a bouclé une saison brillante, qui les a vues, ainsi que toute l’équipe des Iron Dames, se tailler une belle place dans la hiérarchie.

« C’est quelquefois très difficile de faire le point sur cette catégorie parce que quand on y voit des gars comme Nicki Thiim et Matteo Cairoli, qui vont beaucoup plus vite que les autres, on ne sait pas comment vont tourner les choses.

« Je trouve particulièrement difficile de suivre cette catégorie, parce qu’il y a tellement de variations en fonction de la catégorisation du pilote au volant à un moment donné.

« Dans l’ensemble, je dirais que Cairoli a été à nouveau exceptionnel et que ses coéquipiers Leutwiler et Pedersen ont été eux aussi impressionnants.

« Salut également à Ben Barnicoat, je pense qu’il a réussi de grandes performances cette saison. C’est super de le voir décrocher un podium pour la dernière de l’année, car je ne suis pas sûr que ses courses de cette saison aient été récompensées comme elles le méritaient. »