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En piste avec Allan McNish

En piste avec Allan McNish
29/11/2014

 

On dit qu’un pilote automobile ne perd jamais de son acuité et même s’il n’est plus en course et qu’il suit les événements derrière un écran de télévision, il reste extrêmement pointu. Allan McNish en est la parfaite démonstration et nous avons suivi hier la séance d’essais libres 2 des 6 Heures de São Paulo, à ses côtés. Il a partagé avec nous son opinion sur la session. Fascinant !

Dès les premiers instants, alors que nous nous trouvions dans le super virage à droite Ferradura qui donne sur le T7, le triple vainqueur des 24 Heures du Mans et champion 2013 du FIA WEC, a su nous offrir ses observations pointilleuses et précises sur les voitures, le circuit et l’action.

« Je suis venu ici il y a trois semaines pour le Grand Prix de F1, et j’ai fait un tour du circuit à pied pour prendre la mesure du nouveau revêtement… J’ai tout de suite compris qu’il était beaucoup plus lisse et uniforme » expliquait Allan. « Ce qui m’a également frappé, c’est à quel point la piste retient l’humidité. J’ai même versé un peu d’eau pour vérifier, et elle était toujours là, quand je suis repassé après un tour complet, pourtant la température ambiante était plutôt élevée. Il y aura beaucoup d’adhérence.

« La température de la piste peut changer très rapidement ici. Lors du Grand Prix de F1, on a eu jusqu’à 14C° de fluctuation dans le week-end. Cette donne est très importante au niveau de la performance des pneumatiques. Les pneus intermédiaires cloquaient même à l’avant droit. Ce sera différent en endurance bien sûr, mais la gestion des pneumatiques sera un facteur très important, comme toujours d’ailleurs. »

« J’ai aussi très vite vu que la gomme restait beaucoup sur la piste, et donc la qualité de l’adhérence va beaucoup évoluer. Le dépôt de gomme sous forme de boulettes ne sera pas trop problématique ici. C’est toujours contraignant mais ce le sera beaucoup moins qu’à Fuji par exemple. »

McNish a également rapidement décelé que les Porsche 919 prenaient bien les vibreurs du T7 et que l’ORECA de KCMG était plutôt rigide, et qu’elle devait gérer du jeu dans les freins dans ce virage très serré. Au tour suivant, il voyait aussi très vite que la KCMG avait perdu son capot avant depuis longtemps lorsqu’il la voyait sortir du T4. Le 20/20 d’acuité visuelle de McNish est toujours aussi juste !

Alors que la séance se poursuivait, Allan McNish  remarquait également que les LMP1 prenaient de plus en plus d’assurance dans la Ferradura.

« Au niveau aérodynamique, les Audi semblent plus rapides dans les virages rapides. Cette courbe est très difficile (Ferradura), en fait c’est deux virages en un. On voit bien que les pilotes abordent de façon très différente l’entrée et la sortie de la courbe. Sur cette séance, tout est question de pneumatiques, mais les Porsche ne semblent pas en tirer profit pour le moment. Toutefois elles se rattrapent en sortie, c’est très propre. On le voit bien, elles sont actuellement en 1er et 2e positions. »

« Le deuxième secteur et le plus dur sur les pneus, car en dehors de la Ferradura c’est une succession de virages lents. On a besoin d’adhérence à l’avant et d’une bonne traction. C’est une épée à double tranchant pour trouver les bons réglages, car si vous avez trop de sous-virage vous utilisez plus les pneus arrières,  et il faut redonner de la puissance à un moment ou à un autre, donc tout cela se mélange. Le dernier secteur est tout en traction, à la sortie du dernier gauche rapide, il faut retrouver de la vitesse pour la montée. » Scotché sur les Audi, McNish sait aussi rapidement que les pilotes, quand la pluie fait son apparition.

« Marcel vient d’annoncer qu’il commence à pleuvoir dans la ligne droite » dit-il en regardant le ciel. « La météo est très changeante ici, ça va très vite parce qu’on est près de la mer. Mais les prévisions pour la course sont à priori encore bonnes, ça devrait être bon pour les longs relais. »

 

 

La pluie s’efface et plus rien ne devrait venir perturber la préparation des teams. McNish monte sur le talus du T7 pour avoir simultanément une vue  sur le virage et sur la ligne droite des stands.

« Certaines voitures tapent sur les bosses juste avant la ligne de départ. La nouvelle entrée des stands ne devrait pas poser de problèmes ni engendrer de pénalités, car la chicane n’est pas trop importante, ils ont un peu ouvert. Globalement, les changements apportent beaucoup d’amélioration au niveau de la sécurité. »

Alors que la séance tendait à sa fin, nous sommes rentrés aux stands. McNish restait concentré sur ce que faisaient les voitures, après que la gomme se soit bien déposée sur la piste. Et comme tous les passionnés du Championnat du Monde d’Endurance FIA WEC, il est impressionné par les performances des voitures les plus sophistiquées au monde.

« Je n’étais pas venu dans ce virage auparavant » poursuit le champion, « c’est vraiment sympa de voir ce dont les voitures sont capables ici. Vous savez, depuis le lancement de la R10 en 2006, c’est incroyable de voir l’évolution technologique des voitures en LMP. Ce sont de vrais avions de chasse maintenant, et pouvoir les voir d’aussi près, c’est impressionnant. »

Sam Smith Traduction Mapidu Media