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Roman Rusinov, le pilote le plus victorieux du WEC

Roman Rusinov, le pilote le plus victorieux du WEC
07/01/2016



Lauréat 2015 du Trophée Endurance FIA des Pilotes LMP2, Roman Rusinov est un fidèle du Championnat du Monde d'Endurance FIA (WEC) : il n'a manqué que les 12 Heures de Sebring, la manche inaugurale du WEC disputée en mars 2012. Depuis lors, en 31 courses disputées, le pilote russe est monté à 17 reprises (dont 12 victoires) sur le podium de la catégorie LMP2.

Roman Rusinov partage avec le pilote AF Corse Gianmaria Bruni le record de victoires en WEC. Mais si ce dernier les a conquises au volant de la Ferrari 458 Italia, le Russe s'est imposé au volant de trois voitures différentes : Oreca 03, Morgan et Ligier JS P2.

Roman Rusinov a fait ses débuts en WEC en mai 2012 à Spa-Francorchamps sur une Oreca 03-Nissan de l'équipe Signatech, associé pour le reste de la saison aux Français Nelson Panciatici et Pierre Ragues. Ce trio passe tout près du podium aux 24 Heures du Mans avec une quatrième place, mais termine troisième en août à Silverstone. Ce sera le point culminant de cette saison 2012, que Signatech Nissan termine à la sixième place du classement final de la catégorie LMP2.



En 2013 commence l'aventure de l'équipe russe G-Drive Racing, toujours avec une Oreca 03-Nissan, partagée cette fois avec l'Australien John Martin et le Britannique Mike Conway. Le début de saison est timide : une septième place à Silverstone, une cinquième à Spa-Francorchamps et aucun point aux 24 Heures du Mans, où l'Oreca-Nissan n°26, troisième sous le drapeau à damier, est disqualifiée pour non-conformité technique. C'est au Brésil que Roman Rusinov signe la première de ses douze victoires : le Russe, l'Australien et le Britannique récoltent non seulement les 25 points attribués aux vainqueurs, mais aussi celui de la pole position.

Cette double performance est rééditée au Texas, à l'issue de la première édition des 6 Heures du Circuit des Amériques. L'équipe russe est classée deuxième au Japon après que des trombes d'eau aient entrainé l'annulation des 6 Heures de Fuji. Mais la moisson victorieuse continue en Chine (une nouvelle fois depuis la pole position) et à Bahreïn. Ce rush final permet à G-Drive Racing de terminer troisième du Trophée Endurance FIA des Equipes LMP2.

En 2014, G-Drive Racing passe au châssis Morgan pour les trois premières courses de la saison, avant de toucher la nouvelle Ligier JS P2 pour les cinq épreuves suivantes. Mike Conway et John Martin sont remplacés par deux pilotes français, Olivier Pla et Julien Canal. A l'inverse de 2013, la saison 2014 commence par deux victoires consécutives à Silverstone et Spa-Francorchamps. Mais l'équipe russe est contrainte à l'abandon aux 24 Heures du Mans et ne peut faire mieux que quatrième aux Etats-Unis, après avoir signé la pole position de la catégorie LMP2.



G-Drive Racing reprend sa marche victorieuse avec deux nouveaux succès d'affilée au Japon et en Chine. Après une quatrième place à Bahreïn, le titre semble en vue au Brésil, avec une septième pole position en 2014. Mais une défaillance des freins provoque une grosse sortie de route de la Ligier au virage 1 du circuit d'Interlagos. L'équipe russe termine deuxième du classement final LMP2 derrière SMP Racing.

En 2015, le très talentueux pilote britannique Sam Bird succède à Olivier Pla, parti rejoindre Nissan pour son nouveau projet LMP1. Outre la n°26 de Roman Rusinov-Julien Canal-Sam Bird, G-Drive Racing engage pour la première fois en WEC une seconde voiture (n°28). Elle est confiée à un trio 100% latino-américain : le Brésilien Pipo Derani, le Mexicain Ricardo Gonzalez et le Colombien Gustavo Yacaman.

Au fil de cette saison, Rusinov, Canal et Bird signent quatre victoires et trois podiums. Seul un problème technique à Spa-Francorchamps (après la pole position en qualifications) les prive d'une présence continue sur le podium en 2015. Après une première victoire pour l'ouverture de la saison à Silverstone, le Russe, le Français et le Britannique doivent patienter jusqu'à la manche texane pour remonter sur la plus haute marche du podium. Ils reprennent dès lors leur marche en avant : pole position et victoire au Japon, deuxième place en Chine et titre LMP2 après une nouvelle victoire à Bahreïn.



Avec un taux de réussite particulièrement flatteur (55% des courses WEC terminées sur le podium et 39% de victoires), à quoi peut donc bien rêver Roman Rusinov ? Il revient pour nous sur ces quatre saisons et ses projets pour 2016.

Depuis 2012, vous avez disputé toutes les courses WEC sauf une. Qu'est-ce qui vous attire en endurance ?
Roman Rusinov : "La course, c'est la vie ! Nous voyageons dans le monde entier pour prendre part à des batailles homériques sur les meilleurs circuits de la planète. Le WEC est devenu une référence du sport automobile, et j'adore l'esprit de ces courses : six heures qui sont devenues un sprint incroyable. C'est toujours un défi qui ne manque pas de rebondissements. Tout peut arriver à la dernière minute et c'est ce qui rend les choses encore plus intéressantes. Si on considère la catégorie LMP2 aux 24 Heures du Mans, on y retrouve près de 20 voitures qui peuvent pratiquement toutes prétendre à la victoire dans la plus grande course du monde, sous les yeux de plus de 300000 spectateurs en bord de piste et de millions d'autres à la télévision. En ce qui me concerne, c'est un sentiment incroyable de faire partie de cette aventure. Aucun autre championnat au monde ne peut offrir tout cela."

Vous avez signé votre premier podium à Silverstone en 2012 avec Nelson Panciatici et Pierre Ragues avec Signatech Nissan. Quel souvenir gardez-vous de cette course ?
"2012 a été pour nous une année difficile, car nous avons connu de nombreux problèmes mécaniques, et notre podium de Silverstone fut une petite victoire. Ce fut un bon sentiment, mais en 2013 il m'a fallu apporter beaucoup de changements à notre approche pour préparer le Championnat du Monde. En fait, je dirais que 2012 fut une sorte de test de ce que nous pouvions faire et que les choses ont réellement commencé en 2013, avec Mike Conway et John Martin.

Vous avez terminé à 17 reprises sur le podium (dont 12 victoires) dans les 31 courses que vous avez disputées. Quelle est la course qui vous a apporté le plus de plaisir ?
"Gagner sur le Circuit des Amériques cette année et en 2013 fut le plus beau moment, et bien sûr notre première victoire au Brésil en 2013... C'était fou ! C'est dur à expliquer, mais c'est vraiment fabuleux d'être sur la plus haute marche du podium et d'y entendre l'hymne russe.

"Je pense que notre moment le plus difficile fut 2014, alors que nous avions avec la Ligier une voiture très rapide. Nous avons connu au départ des problèmes de fiabilité, ce qui ne nous a pas aidés dans l'optique du championnat... Mais avec 7 pole positions en 8 courses, G-Drive Racing détient un record de pole position et de victoires, quelle que soit la voiture avec laquelle nous avons couru. Je pense que cela démontre le haut niveau de performance de l'équipe et des gens qui y travaillent. Toutes ces victoires sont le reflet d'un parfait travail d'équipe et de management."



Ces quatre dernières années, vous êtes monté sur le podium des 24 Heures du Mans mais n'y avez encore jamais gagné en catégorie LMP2. Ressentez-vous comme une frustration le fait de ne pas vous être encore imposé dans la plus grande course du monde ?
"Les 24 Heures du Mans... notre ultime objectif ! Nous devons gagner cette course... Facile à dire, certes, mais si difficile à réaliser. Même si tout est parfait, ça ne donne aucune garantie de victoire. Alors, pour 2016, je dirais que j'aimerais bien finir la course sans aucun problème. Alors, à ce moment-là, nous saurons où nous serons. Ce que je peux dire, c'est que j'ai commencé à préparer Le Mans 2016 dès le lendemain de Le Mans 2015... et que j'espère que ça va payer."

Vous êtes un pilote russe (et désormais un Champion du Monde russe) pilotant dans une équipe russe. Votre succès contribue-t-il à aider à la promotion du sport automobile, et plus spécifiquement l'endurance, chez vous en Russie ?
"G-Drive Racing est devenu une icône du sport en Russie. Nous sommes une équipe russe qui gagne des courses et des titres dans le meilleur Championnat du Monde existant... Que rêver de mieux pour promouvoir G-Drive ?"



Vous avez piloté et gagné avec trois prototypes LMP2 différents (l'Oreca 03, la Morgan et la Ligier JS P2). Laquelle est votre préférée ?
"C'est difficile à dire, car nous avons connu des moments très spéciaux avec chacune d'entre elles. L'Oreca est rapide, la Morgan agréable à piloter sous la pluie et la Ligier, c'est juste une autre planète... On ne peut pas comparer la Ligier aux autres car cette voiture est tellement formidable à piloter, avec énormément d'appui, qu'on a envie d'être tout le temps à son volant. J'adore vraiment cette voiture, qui restera pour longtemps dans mon coeur. Je me souviens de chaque kilomètre parcouru avec elle, du premier test en Espagne en 2014, avec la carrosserie brute de carbone et des bandes d'aluminium sur les parties aérodynamiques en développement, jusqu'à la conquête du titre à Bahreïn. C'est un sentiment fabuleux que de faire partie d'une grande aventure humaine dans le cadre d'un projet qui gagne... C'est précisément pour ce genre de moments que j'adore courir en WEC."

Lors de la dernière course WEC 2015 à Bahreïn, vous aviez 16 points d'avance sur KCMG. Une quatrième place vous suffisait pour être titré, vous n'aviez même pas besoin de gagner la course. Quel était le sentiment au sein de l'équipe ? Aviez-vous décidé de gagner avant même le départ de la course, ou les circonstances en piste ont-elle décidé de la victoire ?

"En réalité, nous voulions vraiment gagner ! Mais lors du briefing d'avant-course, il était clair pour nous que la consigne était de ne prendre aucun risque... Et pour être honnête, c'est ce que nous avons fait lors des deux premières heures... Mais nous sommes avant tout des compétiteurs et rien ne donne autant de plaisir que la victoire ! Gagner une course pour gagner un titre, c'est "l'art et la manière" de G-Drive Racing. Merci à Sam, Julien, Bruno, Philippe et à tous les mécaniciens pour cette grande aventure."

Quels sont vos projets pour la saison 2016 ?
"Mon objectif principal était de resigner avec Ligier et Jacques Nicolet pour cette nouvelle saison, après les deux années incroyables que nous avons passées ensemble. J'apprécie énormément notre relation avec Jacques et toute l'équipe, parfaitement menée par Philippe Dumas, mais OAK a finalement signé avec Tequila Patron. On le sait, les affaires sont les affaires, je suis content pour eux et je leur souhaite une belle année 2016.

"De mon côté, j'ai dû travailler dur pour trouver une nouvelle manière de monter les choses. J'ai maintenant signé un contrat et nous travaillons d'arrache-pied pour être encore plus forts que nous ne l'avons été jusqu'à présent. Nous avons déjà signé avec un pilote, il reste encore un baquet à prendre dans ma voiture. En fait, ce fut un moment difficile après la dernière course, je peux même dire que ça n'a jamais été aussi dur - mais c'est encore mieux de travailler ainsi lorsqu'on voit les résultats.

"Bien sûr, j'aimerais beaucoup continuer avec Sam Bird en 2016, mais je pense que ce sera compliqué de trouver un accord. Il a une très bonne opportunité et je pense qu'il doit la saisir. Nous travaillons sur le cas du troisième pilote et ça devrait être quelqu'un de très grand talent. J'irais même jusqu'à dire que ce sera une future star de l'endurance, comme le sont déjà Mike Conway, Olivier Pla et Sam Bird.

"Aujourd'hui, je suis heureux et prêt pour un nouveau défi, et je dirais même que nous n'avons jamais été aussi en avance dans le développement, le planning et la concrétisation du projet... Nous serons coriaces  en 2016 ! Nous ferons des annonces très bientôt !"
 

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