Les grands tournants du WEC 2016:  Les 24 Heures du Mans
Photo: Photo : Toyota Racing - Image Credit: Toyota Racing
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Les grands tournants du WEC 2016: Les 24 Heures du Mans

 

Le crève-coeur de Toyota

A l'issue de la troisième manche du Championnat du Monde d'Endurance FIA (WEC) 2016, Toyota a subi l'une des défaites les plus cruelles de l'histoire récente du sport automobile. Et offert une victoire inespérée à la Porsche n°2 de Neel Jani, Marc Lieb et Romain Dumas.

Ce final a fait l'effet d'une véritable bombe. Et il en existe peu d'aussi difficiles que celui vécu par Toyota au Mans. A l'exception de Pierre Levegh, qui perdit en 1952 la victoire à une demi-heure du but après une longue chevauchée en solitaire au volant de sa Talbot Lago, ou encore du décollage de Peter Dumbreck en 1999, peu d'abandons au Mans deviendront aussi mythiques que celui de Sébastien Buemi, Anthony Davidson et Kazuki Nakajima en 2016. Alors qu'il reste seulement trois minutes de course, Nakajima s'arrête dans la ligne droite des stands. Le rêve de victoire s'envole en fumée... et Toyota suscite un gigantesque courant de sympathie de tout le paddock et de milliers de passionnés du monde entier.

Ce n'est hélas pas la première déconvenue du constructeur japonais dans la Sarthe. En 1994, la 94C-V de l'équipe SARD mène depuis plus de neuf heures, lorsque des problèmes de boîte de vitesses à 90 minutes du drapeau à damier relèguent Jeff Krosnoff, Eddie Irvine et Mauro Martini en deuxième position. En 1999, la GT-One engagée par l'usine monopolise la première ligne... Mais les trois exemplaires au départ souffrent de crevaisons, et seule la voiture du trio japonais Ukyo Katayama/Toshio Suzuki/Keiichi Tsuchiya est à l'arrivée, une nouvelle fois à la deuxième place. Enfin, en 2014, Kazuki Nakajima, Alex Wurz et Stéphane Sarrazin sont confortables leaders lorsque leur TS040 HYBRID est contrainte à l'abandon dans les premières heures du dimanche matin.

Après une saison 2015 décevante, la motivation pour mettre un terme à cette malédiction est plus forte que jamais pour Toyota, aussi bien au Japon que dans sa base européenne de Cologne (Allemagne). A Spa, le trio Buemi/Davidson/Nakajima démontre le potentiel de la nouvelle TS050 HYBRID en menant la course, avant de connaître des ennuis de moteur. Une fois le mal identifié - et spécifique aux charges subies par le moteur dans le Raidillon de l'Eau Rouge - l'optimisme est de mise chez Toyota. Il se confirme lorsque la TS050 HYBRID n°6 brille dans les conditions humides du début de course : Mike Conway et la Porsche 919 Hybrid n°1 s'échangent la tête de la course.

Photo:  Evo.co.uk

Mais cette fois, Porsche et les deux Audi soient retardées, et les 24 Heures du Mans 2016 se transforment en un affrontement triangulaire entre la Porsche n°2 et les deux Toyota. La n°5 remonte après que des vibrations l'aient conduite à adopter une stratégie décalée.

La bataille fait rage toute la nuit durant et dans les premières heures du dimanche matin. La Toyota n°5 passe la n°6, avant de se lancer à la poursuite de Marc Lieb, alors en piste pour un triple relais. Avec l'aide précieuse d'un nouveau train de pneus, Davidson refait son retard et ravit le commandement à la Porsche à quatre heures de l'arrivée.

Puis le trio de tête se transforme en duo à la suite d'un tête-à-queue de Kobayashi au volant de la n°6. Mais pour Toyota, ce n'est qu'une péripétie alors que la n°5 poursuit sa course en tête. Buemi passe une dernière fois le volant à Nakajima. Au fur et à mesure que le compte à rebours se rapproche de 15 h 00, la victoire semble promise à la marque nippone.

Mais après 23 heures et 57 minutes, Nakajima ralentit et finit par s'arrêter dans la ligne droite des stands. Par la suite, le problème rencontré par le pilote japonais est imputé à la défectuosité d'un contacteur de la conduite d'air entre le turbocompresseur et l'échangeur, qui a abouti à une perte du contrôle du turbo. Encore une fois, 2016 ne sera pas l'année de Toyota.