
Avec une nouvelle configuration aérodynamique et un meilleur équilibre qui lui permettent d'exploiter au mieux ses pneus Michelin, la R15 TDI "Plus" décroche un nouveau triplé aux 24 Heures du Mans, après la désastreuse épidémie de casses moteur qui a décimé Peugeot.
Les 24 Heures du Mans 2011 atteignent de rares sommets d'intensité dramatique : avant même la mi-course, il ne reste plus qu'une seule Audi en course, après les terribles accidents d'Allan McNish et Mike Rockenfeller. On lit d'abord l'inquiétude, puis le soulagement sur le visage du Dr Ullrich, lorsqu'il voit son pilote Allan McNish s'extirper indemne des restes de son Audi. Un épisode qui a donné la mesure de l'émotion palpable qui a submergé Audi et son charismatique patron.
Photo: AOL Cars UK
André Lotterer, Benoît Tréluyer et Marcel Fässler signent la première de leurs trois victoires, avec Peugeot à leur poursuite. Avec la complicité de leur combattive ingénieure Leena Gade, les trois nouveaux héros d'Audi ont bataillé ferme pour creuser une avance de 13 secondes, le quatrième écart le plus faible de l'histoire de la course.
En 2012, Audi innove une nouvelle fois avec la technologie hybride, le volant d'inertie et les quatre roues motrices temporaires. Cette année-là, quatre voitures sont engagées : deux R18 e-tron quattro hybrides et deux R18 conventionnelles. Les deux premières signent un doublé, en même temps que la onzième victoire mancelle de la marque. Deux autres suivent en 2013 et 2014, après avoir repoussé une nouvelle menace, venue cette fois de Toyota.
Un nouvel âge d'or s'ouvre pour l'endurance, mais il est hors de question pour le Dr Ullrich et ses troupes de se reposer sur ses lauriers. Lorsque Porsche se joint à la fête en 2014, Audi compte déjà deux titres consécutifs dans le nouveau Championnat du Monde d'Endurance FIA (WEC) et cette nouvelle lutte au sommet attire des foules record au Mans.
Après 13 victoire en 15 départs, Audi cède la victoire à Porsche, qui conserve cette couronne mancelle en 2016, malgré la présence d'un prototype Audi R18 aussi époustouflant qu'extrême : après le volant d'inertie, place à la batterie lithium-ion, et à de nouveaux espoirs de remonter sur la plus haute marche du podium. Mais cette nouveauté ne suffira pas. Malgré une victoire à Spa, et des performances plus qu'encourageantes après les 24 Heures du Mans, décision est prise de baisser le rideau sur cette histoire mémorable.
"Vorsprung durch Technik"... ou le "progrès par la technologie". Ce fut tout d'abord en 1982 un slogan institutionnelle d'Audi. C'est aujourd'hui l'un des raccourcis les plus couronnés de succès d'un constructeur automobile, qui symbolise parfaitement la colossale réussite d'Audi en près de deux décennies de courses d'endurance.
Audi a fait bien plus que s'imposer à 13 reprises aux 24 Heures du Mans. Il faut y ajouter 11 autres victoires aux 12 Heures de Sebring, 2 titres en WEC, 7 titres en American Le Mans Series (ALMS), 9 victoires à Petit Le Mans. Les armoires à trophées d'Audi renferment également les trophées d'autres succès en Le Mans Series et en Intercontinental Le Mans Cup.
Pour Audi, cette glorieuse odyssée, qui a connu nombre de missions humaines et techniques réussies, va désormais essaimer ses bienfaits dans d'autres domaines du sport automobile. Les héroïnes et héros de cette épopée sont trop nombreux pour être cités ici. Mais ce que tous ont apporté à l'endurance, ce ne sont pas seulement les éclairs du génie et la finesse de l'esprit. C'est aussi une éthique sportive en parfaite osmose avec l'essence même de l'endurance. A sa manière, Audi a laissé la marque d'un esprit chevaleresque et d'un sens de l'honneur qui va laisser pour les décennies à venir un héritage impérissable dans l'histoire du sport automobile.
Sam Smith