Par où commencer lorsqu'il s'agit de mesurer l'implication et la réussite d'Audi lors de ces 17 dernières saisons d'endurance ?
Tâche ô combien difficile... Les véritables épopées sont rares en sport automobile, mais de 1999 à aujourd'hui (avec toutefois une pause en 2004 et 2005), Audi Sport aura été un véritable titan de l'une des disciplines les plus difficiles du sport automobile, son taux de réussite aux 24 Heures du Mans sur une période identique n'est sans doute pas près d'être battu.
Il va falloir donc remonter au moins dix-huit ans en arrière pour se souvenir d'un moment où Audi n'était pas encore au Mans. Une génération de courses d'endurance s'est écoulée depuis que quatre Audi sont venues pour la première fois dans la Sarthe, lors de cette fabuleuse édition 1999, qui a peut-être rassemblé l'un des plateaux les plus diversifiés et compétitifs jamais vu dans le double tour d'horloge manceau.
Six ans avant ses débuts sarthois, Wolfgang Ullrich se voit chargé du programme d'Audi en compétition. Et le regard de la marque aux anneaux sur le monde du sport automobile va changer.
Cet Autrichien peu connu réussit un coup de maître en s'assurant l'expertise de Reinhold Joest et de son équipe, quatre fois victorieux dans la Sarthe en 1984, 1985, 1996 et 1997.
Photo: Photos D.R. ACO - Audi Sport Team Joest, 2000
Si Audi R8 s'impose dès la première année du 21e siècle naissant, cet époustouflant triplé n'est que la partie émergée de l'iceberg. Car Audi introduit des idées révolutionnaires, tel ce capot arrière démontable d'une pièce. Les observateurs des 24 Heures du Mans en restent bouche bée lorsqu'ils voient les mécaniciens changer la boîte de vitesses complète, les suspensions et les trains roulants en seulement quelques minutes.
Avec deux nouveaux triomphes en 2001 et 2002 commence l'ère de la domination d'Audi.
En l'absence d'équipe d'usine Audi, 2003 est l'année de Bentley au Mans : la magnifique EXP Speed 8 brise la vague victorieuse du constructeur allemand. Toutefois, en tant que marque du groupe Volkswagen, Bentley a bénéficié d'un soutien conséquent d'Audi en termes de capacités techniques et de personnel. En outre, le Dr Ullrich était à la manoeuvre auprès des R8 confiées à des équipes clientes. Ainsi, l'écurie japonaise Team Goh et Champion Racing ajoutent, respectivement en 2004 et 2005, deux victoires supplémentaires au compte de la maison d'Ingolstadt.
Photo: ADT Champion Racing 2005
Alors qu'Audi apporte une aide précieuse à ses équipes clientes, le Dr Ullrich et ses troupes - qui comptent un ingénieur motoriste visionnaire en la personne d'Ulrich Baretzky - travaillent sur un projet qui va changer l'image des moteurs diesel. Le pouvoir de séduction de ce type de motorisation en compétition était à l'époque quasi nul, mais l'arrivée d'Audi aux 24 Heures du Mans 2006 avec sa nouvelle R10 TDI à moteur turbo diesel va changer la donne. Comme la R8 en 2000, ce nouveau concept s'impose dès sa première course à Sebring, avant de signer une nouvelle victoire sarthoise.
La fin de la décennie 2000 est le théâtre d'un duel épique aux 24 Heures du Mans entre Audi et Peugeot. C'est aussi un véritable test pour la marque allemande qui trouve, pour la première fois depuis 1999, un grand constructeur rival sur sa route. Ce qui ne l'empêche pas de conserver son trophée manceau en 2007 et 2008. Cette dernière année, une course d'anthologie de Tom Kristensen puis d'Allan McNish permet à Audi de revenir sur la Peugeot de tête, de la passer puis, dans des conditions pluvieuses dantesques, de repousser les assauts de Nicolas Minassian, pour une huitième victoire mancelle.
2009 voit l'une des trois seules défaites d'Audi au Mans, lorsque la nouvelle R15 ne peut rivaliser avec des Peugeot au développement particulièrement poussé. Pour la seule et unique fois de la décennie 2000, une Audi officielle ou une Audi privée soutenue par l'usine (sans oublier la Bentley victorieuse en 2003) est battue. Il faudra alors attendre sept ans avant que le constructeur allemand ne doive à nouveau céder le trophée des 24 Heures du Mans à l'un de ses adversaires.
2e partie à suivre
