Si le titre Constructeur du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA avait une bonne chance de finir dans l’escarcelle d’Audi pour la saison 2012, le projet de Toyota n’en étant qu’à ses débuts, le titre Pilotes était beaucoup plus ouvert, même si, règlement oblige, il ne devait pas échapper à un pilote de la catégorie LMP1. Il a d’ailleurs fallu attendre la toute dernière manche de la saison à Shanghai pour connaître le nom des lauréats : Marcel Fässler, André Lotterer et Benoît Tréluyer resteront à jamais comme les trois premiers Champions du Monde d’Endurance de la FIA nouvelle ère.
Un résultat somme toute logique lorsqu’on dresse le bilan de l’année 2012, mais le pari était risqué pour le trio de ‘potes’ : désignés comme l’un des équipages pour défendre les chances du constructeur d’Ingolstadt dans le Championnat, les vainqueurs des 24 Heures du Mans 2011 avaient la lourde tâche de faire débuter la toute nouvelle Audi R18 e-tron quattro, à moteur diesel hybride.
Un défi de taille qui rendait une seconde victoire d’affilée dans la Sarthe des plus incertaines, mais il en faut plus pour déstabiliser les trois compères à qui rien ne semble résister. La saison avait pourtant mal débuté à Sebring, des soucis techniques ayant rapidement mis fin aux espoirs de l’équipage de la voiture n°1. A Spa, pour la toute première course de la voiture à moteur hybride, le trio est monté sur la deuxième marche du podium après avoir mené une partie de la course : tant que la piste est restée humide, le prototype que le système hybride transforme en bolide à quatre roues motrices, a fait des merveilles, mais l’ingéniosité et l’expérience de Marc Gené en matière de choix de pneumatiques a permis à la voiture à moteur conventionnel de rafler la première place.
Ce n’était que partie remise puisque Marcel Fässler, André Lotterer et Benoît Tréluyer s’imposeront dès la manche suivante, les 24 Heures du Mans : premier double tour d’horloge et première victoire de la nouvelle voiture de la marque aux quatre anneaux et surtout, premier triomphe d’une voiture hybride de toute l’histoire des 24 Heures du Mans. La spirale du succès était à nouveau en marche pour l’équipage de la voiture n°1 qui montera à nouveau sur la plus haute marche du podium à Silverstone et à Bahreïn.
Le trio a traîné toute l’année le handicap de l’échec de Sebring qui aurait pu lui coûté le titre face au duo Tom Kristensen et Allan McNish, leurs équipiers chez Audi, mais aussi leurs principaux rivaux. Ces derniers ont été d’une constance admirable et ont pu jouer le titre jusqu’au bout en ne comptant qu’une seule victoire à… Sebring ! Ils se sont finalement inclinés face à l’invincible armada, qui semble sur une autre planète.
Si l’on devait résumer d’un mot l’ambiance qui règne au sein du trio gagnant, ce serait ‘décontraction’, dans le bon sens du terme. La pression ne semble pas les atteindre, comme s’ils étaient dans leur bulle. Marcel Fässler et Benoît Tréluyer se connaissent depuis de nombreuses années, ayant fait leurs classes à l’ancienne Filière. Le Français s’est ensuite exilé au Japon, où il est devenu une star. Il y a rencontré André Lotterer avec qui il est devenu très proche. L’alchimie vient peut-être du fait que les trois complices ont choisi de travailler ensemble, un choix que Benoît Tréluyer ne regrette pour rien au monde : "Si je n’avais qu’un mot pour définir ce titre, il serait 'amitié', sans doute ! Car même s’il s’agit d’un titre pilote, il a été acquis en équipe. Ce titre, c’est le fruit d’une complicité entre une voiture fabuleuse, des ingénieurs et des mécaniciens fantastiques et trois bons copains. On se connaît tous très bien. On a vécu des moments incroyablement forts ensemble, des émotions uniques aux 24 Heures du Mans et ailleurs."
Cécile Bonardel
