
Il y a quatre ans, Robert Kubica s’était vu refuser la victoire dans sa catégorie lors de ses débuts aux 24 Heures du Mans à cause d’un problème technique survenu dans le dernier tour. Plus tôt ce mois-ci, l’histoire a failli se répéter alors qu’il devait composer avec des soucis de boîte de vitesses dans les dernières étapes de la course, au volant de la Ferrari 499P Hypercar de tête de l’écurie AF Corse. Si la situation était stressante, il ne l’a pas laissé paraître...
Dans ce qui restera sans doute comme l'une des plus grandes performances individuelles de l'histoire des 24 Heures du Mans, Robert Kubica a enchaîné cinq relais consécutifs en fin de course – portant son total de tours à 166, soit plus que n’importe quel autre pilote sur la grille, ce qui représente 43 % de la distance parcourue par la voiture n°83.
Autrement dit, le Polonais est monté dans la voiture à 12h30 le dimanche et n’en est redescendu qu’après le passage du drapeau à damier, environ trois heures et demie plus tard. Ces cinq relais marathon équivalaient à plus de 800 km, sans aucune pause – hormis les arrêts aux stands programmés. Si les trois pilotes ont joué un rôle clé dans le succès d’AF Corse à La Sarthe, Kubica a incontestablement été la vedette du week-end.
« À la base, sur le papier, nous avions un plan un peu différent », a reconnu le pilote de 40 ans dans une interview à fiawec.com. « Mais après être monté dans la voiture [dimanche à l’heure du déjeuner], on m’a demandé si [cinq relais] étaient envisageables. »
« En fin de compte, seul le pilote peut dire à quel point il s’expose à des risques inutiles à cause de la fatigue, qui s’accumule au fil d’une course aussi intense, car il est difficile de se reposer. Mais tout de suite, j’ai eu de bonnes sensations. »
« Malgré tout, on ne sait jamais comment le corps va réagir, donc j’ai dit : ‘attendons de voir’. D’un côté, j’étais évidemment conscient de ce pour quoi nous nous battions, et je ressentais cette pression, ainsi que celle exercée par les autres Ferrari et la Porsche. Mais de l’autre côté, je me sentais très calme, car je savais que nous étions capables de le faire, et nous avons plutôt bien géré les relais. J’ai attaqué quand il fallait attaquer pour creuser l’écart, afin de nous donner un peu de marge en cas de problème, et au final, je me sentais assez frais. »
Si, pour le monde extérieur, les exploits de Kubica en fin de course ont pu sembler sans accroc, ils n’ont pas été exempts de frayeurs, entre un manque d’hydratation et des soucis de boîte de vitesses survenus en fin d’épreuve, qui ont bien failli réduire à néant les rêves d’AF Corse.
« Le tuyau de mon système d’hydratation s’est détaché et s’est mis à voler dans l’habitacle », a expliqué le natif de Cracovie. « Je ne voulais rien dire à la radio, car une fois que vous signalez ce genre de chose, vous attirez l’attention sur le problème. Et ma crainte, c’était que le directeur de course m’oblige à rentrer pour le réparer – ce qui aurait été la dernière chose à faire ! »
« La seule façon d’empêcher le tuyau de bouger était de le coincer derrière mon épaule et de l’écraser contre mon siège. J’ai conduit comme ça pendant les deux dernières heures, ne prenant qu’une gorgée rapide à chaque arrêt au stand. Heureusement, notre voiture est très bien ventilée, donc ce n’était pas un si gros problème, même si, une fois sorti de la voiture à la fin, j’étais prêt pour une bonne canette de Coca ! »
« Nous avons aussi eu quelques inquiétudes avec la boîte de vitesses en fin de course, mais à ce moment-là, on ne peut pas y penser – il faut juste rester positif, et c’est clairement plus facile d’être dans la voiture que dehors ! Si j’avais été dans le garage, j’aurais eu plus de temps pour réfléchir et revivre les souvenirs d’il y a quatre ans. Yifei [Ye – son coéquipier] était au volant quand nous avions abandonné en 2021, mais cette fois, comme c’est moi qui conduisais, je me sentais plutôt détendu. »
« Bien sûr, des problèmes techniques peuvent toujours survenir – c’est ça, le sport automobile. À part une seule intervention de la voiture de sécurité, ce fut une course à fond du début à la fin, donc pour les voitures, c’était un Le Mans très exigeant... »
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