
Porsche, le constructeur le plus titré en 102 ans d'histoire aux 24 Heures du Mans, a quitté La Sarthe avec un sentiment mitigé au terme de la 93e édition, il y a un peu plus d'une semaine, effleurant de 15 secondes un 20e triomphe au classement général.
Porsche Penske Motorsport a entamé le légendaire double tour d'horloge sarthois depuis les troisièmes (n°5), cinquièmes (n°4) et 21ème (n°6) places, après que cette dernière, pilotée par les Champions du Monde en titre Kévin Estre et Laurens Vanthoor aux côtés de Matt Campbell, ait été renvoyée en fond de grille Hypercar pour avoir été recalé aux contrôles de poids post-qualification.
Au volant du prototype 963 hybride n°5, Julien Andlauer, "Révélation de l'année" du Championnat du Monde d'Endurance de la FIA en 2024, s'est rapidement débarrassé des deux Cadillac en première ligne pour s'emparer de la tête de la course dès le premier tour, tandis qu'Estre, au volant de la n°6, se faufilait d’emblée jusqu'à la 14e place. Poursuivant sur sa lancée, Estre se retrouva deuxième dès la fin du 23e tour, et lorsque Andlauer s'arrêta au stand, son compatriote se retrouva en tête de la course.
Alors que la Porsche n°5 connaissait une nuit agitée en raison de dommages aux pneus et de pénalités, la faisant chuter au classement, avant d’entamer une spectaculaire remontée jusqu’aux portes du Top 5, la n°6 est restée dans le coup tout le long de la course, grâce à une stratégie sans faille et à des relais exceptionnels de la part des trois pilotes. Estre en particulier s'est distingué, avec un temps de piste total de 165 tours, éclipsé seulement par le futur vainqueur Robert Kubica sur la Ferrari AF Corse n°83 avec 166 tours au compteur.
En fin de compte, le trio s'est retrouvé à 14,084 secondes de la victoire après 24 heures de course acharnée devant un nombre record de 332 000 spectateurs. La pression qu'ils ont exercée sur les Ferrari ayant provoqué des frayeurs en fin de course sur les trois 499P du constructeur italien.
C'est ainsi que la Porsche n°6 en a devancé les deux Ferrari officielles pour s'adjuger la deuxième place lors de la 75e participation consécutive du constructeur allemand dans la Sarthe. Si proche, mais finalement si loin…
"En partant du fond de la grille et en nous battant pour atteindre la deuxième place en tant qu'équipe, nous pouvons être fiers", a reconnu Kevin Estre. "Nous avons vu dès la deuxième ou troisième heure que nous n'avions pas le rythme, mais nous n'avons jamais abandonné, nous nous sommes battus du mieux que nous pouvions, nous n'avons pas fait d'erreurs et la voiture a bien fonctionné sans problème ni pénalité. Nous avons essayé de pousser Ferrari dans ses retranchements. Nous intercaler dans ce trio est déjà une petite victoire, mais ce n'est évidemment pas ce que nous voulions. Nous étions au Mans pour gagner. Pour nous, pour Penske et pour Porsche, mais nous n’y sommes pas parvenus. Cela fait maintenant deux fois de suite, ce qui est un peu amer. Après avoir terminé quatrième l'année dernière, cette année, nous étions plus proches, mais toujours aussi loin. Cela génère beaucoup de déception, mais nous reviendrons plus forts".
Son équipier Vanthoor a abondé dans le même sens. "C'est dur d'être si près d'écrire l'histoire", a déclaré le Belge, "mais nous pouvons aussi être fiers. Nous avons réalisé plus que ce que nous pouvions espérer après les séances d'essais et les qualifications. C'était un véritable sprint de 24 Heures. Chaque tour était presque parfait. Nous savions que Ferrari serait le favori, mais nous avons tout fait pour lui compliquer la vie. À la fin, je pense que nous pouvons dire que nous avons fait la course parfaite. Pas d'erreurs, pas de pénalités, pas de contacts, pas de sorties de piste, pas de mauvais arrêts aux stands, et tout cela en poussant constamment à 100% pour rester dans le coup".
"Tout s'est déroulé en douceur, ce qui nous a valu la deuxième place, mais d'un autre côté, c'est aussi très frustrant quand vous faites une course parfaite et que vous ne gagnez pas. Cela fait mal pendant un certain temps d'être passé si près. Nous avions pratiquement une main sur le plus grand trophée, ce qui est une opportunité qui n’arrive pas tous les jours, mais nous pouvons repartir sans le moindre regret et la tête haute. C'était tout ce que nous avions, mais malheureusement cela n'a pas suffi pour accomplirr le rêve d'une vie".
"L'esprit pionnier, le courage et la sportivité font partie de l'ADN de Porsche. C'est pourquoi nous n'avons jamais abandonné et nous nous sommes battus avec détermination jusqu'à la fin", a ajouté Thomas Laudenbach, vice-président de Porsche Motorsport. "Nous avons fait beaucoup de choses bien dans la phase finale, et nous avons tiré le maximum de notre Porsche n°6. Bien sûr, nous regardons aussi le résultat avec quelques regrets, puisqu'il ne nous a manqué que 14 secondes pour l’emporter au classement général, mais pendant la nuit, personne n'aurait pu s'attendre à ce que nous terminions sur le podium, et nous pouvons donc en être très fiers".
De manière impressionnante, les trois 963 d'usine ont terminé la course sans aucun problème technique, et les 1.159 tours parcourus ont permis de récolter 600 000 € pour les organisations d'aide à l'enfance à but non lucratif Interplast Germany e.V. et Kinderherzen retten e.V. dans le cadre de l'initiative "Racing for Charity" de l'entreprise.
L'argent servira à financer l'aide médicale aux enfants gravement malades dans le monde entier, ce qui a valu à Porsche de recevoir, pour la deuxième fois en trois ans, le prix Sustainability Endurance Award décerné par l'Automobile Club de l'Ouest, organisateur de la course.
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